Tina Modotti, photographie, liberté et révolution
Exposition du 28 octobre au 28 janvier 2020
En collaboration avec l’association Cinemazero, avec le soutien de la Regione Autonoma Friuli Venezia Giulia, Comune di Pordenone
Dans le cadre du Festival du festival PhotoSaintGermain
L'exceptionnelle trajectoire humaine, artistique et politique de Tina Modotti (1896-1942), photographe et militante révolutionnaire, amie et interlocutrice de peintres tels Frida Kahlo et Diego Rivera mais aussi mannequin et actrice du cinéma muet à Hollywood, a fait d'elle l'une des artistes les plus célèbres du XXe siècle. En collaboration avec l’association Cinemazero, l'exposition Tina Modotti : photographie, liberté et révolution reconstitue à travers une quarantaine de clichés, de vidéos et d’autres documents le parcours de l’artiste ainsi que sa recherche formelle, dont l’originalité a laissé une trace profonde dans l’histoire de la photographie de la première partie du XXe siècle. L’exposition s’articule autour de quatre sections : à côté des œuvres les plus connues - natures mortes, portraits de paysans mexicains et de la photographe elle-même – s’affichent les clichés plus intimistes dédiés aux femmes et aux enfants.
Cette exposition entend donc donner la possibilité au grand public de voir (ou de revoir) quelques-unes des œuvres les plus célèbres de Tina Modotti – incontournables en raison de leur beauté, de leur force et de leur popularité –, mais aussi d’approfondir certains thèmes et de créer des connexions entre les œuvres et – si possible – des réflexions ambitieuses, dont certaines renvoient même à l’actualité. Ainsi, dans la première partie de l’exposition, le parcours principal est consacré à l’évolution de sa personnalité et de sa carrière artistique : émigrante, Italienne à Hollywood, actrice soudainement célèbre, modèle pour ses collègues photographes, proche de Vladimir Maïakovski, Dolores Del Rio, Frida Kahlo et Diego Rivera. La suite du parcours est consacrée à sa recherche formelle, fille du stridentisme, contaminée par le style de Weston tout en restant profondément autonome. Tina Modotti définit elle-même sa poétique : « une honnête photographie », qui n’est pas à la recherche de l’« artistique à tous prix », mais plutôt d’ « une place dans la production sociale, dans le présent ». Le parcours parmi les clichés continue avec une section entièrement féminine, comprenant des portraits de femmes – certains connus, d’autres présentés pour la première fois au public – qui témoignent de l’actualité de son œuvre, en particulier avec les photos des femmes de Tehuantepec, nobles et fières malgré le contexte dans lequel elles vivent. L’exposition s’achève avec une dernière partie, liée à la précédente : une section émouvante, un regard tourné vers l’avenir, plein de tendresse et d’espoir, entièrement consacrée aux enfants. On dit que Tina Modotti aurait voulu être mère, mais que des problèmes physiques le lui ont interdit… Ce qui est certain, c’est que Tina – source de découvertes continuelles – photographie toujours avec un amour et une passion qui s’exprime dans chaque cliché. Sa vitalité, qui nous passionne tant, se manifeste dans chacune de ses photos. Il revient à chacun d’entre nous de se l’approprier.
Tina Modotti en 1919 © Getty / Galerie Bilderwelt / Hulton Archives
Tina Modotti, née à Udine (Italie) en 1896 et émigrée avec sa famille en Autriche, puis aux États-Unis en 1913, était d’humble extraction et sa scolarité avait été des plus négligées. Quelques années après son arrivée aux USA, nous la retrouvons actrice de théâtre, puis à Hollywood dans les années Vingt, fréquentant les artistes et les salons de la bonne société. Elle passe ensuite au Mexique, aux côtés d’Edward Weston, un géant de la photographie, avec devant elle une riche carrière de photographe engagée, mais « irrégulière », comme le définit à juste titre Elisa Paltrinieri, et souvent repliée sur elle-même, victime des incertitudes de la vie et de drames de tous ordres (en premier lieu, la mort violente du bien-aimé Juan Antonio Mella). Ou aux côtés de personnalités politiques importantes, impliquée (mais vraiment ?) dans les intrigues internationales staliniennes, fuyant le Mexique, puis engagée socialement dans la guerre d’Espagne, et enfin en Allemagne… et dans ces deux pays, presque toujours sans appareil photo. Avant de mourir, brusquement (officiellement de crise cardiaque mais beaucoup en doutent…), à quarante-six ans, alors qu’elle est encore la compagne de Vittorio Vidali, un homme à l’activité controversée…