Après les représentations de L’Abisso et Maggio ’43 en décembre 2023, l’Institut culturel italien de culture de Paris est heureux d’accueillir à nouveau l’écrivain, dramaturge, interprète et metteur en scène palermitain Davide Enia avec Autoritratto, spectacle né d’une coproduction CSS, Piccolo Teatro di Milano – Teatro d’Europa, Accademia Perduta Romagna Teatri, Festival dei Due Mondi.
Pour la représentation du mercredi 10 décembre à 18h30, s’inscrire ici
Pour la représentation du jeudi 11 décembre à 18h30, s’inscrire ici
19 juillet 1992. Cinquante-sept jours après l’assassinat de Giovanni Falcone, une voiture piégée explose Via D’Amelio, tuant le juge Paolo Borsellino et les cinq membres de son escorte.
Trente-trois ans après les massacres mafieux, Davide Enia raconte l’impact de Cosa Nostra sur notre vie de citoyens et dresse le portrait d’une communauté contrainte de cohabiter avec l’épiphanie permanente du mal.
Entremêlant cunto et paroles, corps et dialecte, utilisant les outils que le vocabulaire théâtral a construits dans sa Palerme, Autoritratto explore la relation névrotique avec Cosa Nostra et son impact émotionnel dévastateur dans la vie de chacun.
Autoportrait, de et avec Davide Enia
musiques de et par Giulio Barocchieri
son : Francesco Vitaliti
une co-production CSS Teatro stabile di innovazione del FVG, Piccolo Teatro di Milano – Teatro d’Europa, Accademia Perduta Romagna Teatri, Spoleto Festival dei Due Mondi
Spectacle en italien surtitré en français – durée 90′
Photo Davide Enia : Tony Gentile
« […] En Sicile, pratiquement tous, au moins jusqu’aux massacres, avons eu une relation de pure névrose avec Cosa Nostra. C’est un discours qui a trait à la conscience collective partagée, à la pratique quotidienne, à des structures de pensée millénaires. Pour diverses raisons, chez nous, la mafia a été minimisée, sous-estimée, banalisée, refoulée ou, au contraire, mythifiée. En d’autres termes, elle n’a jamais été abordée pour ce qu’elle est.
[…] La première fois que j’ai vu un mort assassiné, j’avais huit ans, je rentrais de l’école. Je connaissais le juge Borsellino, il habitait en face de chez nous, j’ai grandi en jouant au foot avec son fils. Et le père Pino Puglisi, le prêtre assassiné par la mafia, était mon professeur de religion au lycée. Comme moi, mes amis, mes camarades, mes concitoyens, nous avons tous été confrontés à la mafia.
[…] Les outils linguistiques dont je dispose pour mener à bien ce travail sont ceux que le vocabulaire théâtral a construits dans ma ville de Palerme : le corps, le chant, le dialecte, la marionnette, le jeu d’acteur, le cunto. C’est dans ce langage circonscrit que ce problème linguistique doit être abordé, disséqué, interrogé, résolu.
Ce nouveau travail est une tragédie, une oraison civile, un processus d’auto-analyse personnelle et partagée, une confrontation avec l’État, une série de questions adressées à Dieu en personne. C’est pourquoi ce travail est un autoportrait à la fois intime et collectif. »
Davide Enia