L’Institut culturel italien de Paris a le plaisir d’accueillir Erri De Luca et Inès de la Fressange.Au cours de la soirée, seront présentés le livre L’età sperimentale (L’Âge expérimental, Feltrinelli, 2024) ainsi que le documentaire homonyme, écrit par Erri De Luca et réalisé par Marco Zingaretti (Italie, 2024, 26’, VOSTF).
Jamais une génération n’était arrivée aussi nombreuse et aussi active à l’âge de la vieillesse, ce qui – écrit Erri De Luca – en fait aujourd’hui un « âge expérimental ». Une opportunité, donc : celle de découvrir quelque chose de nouveau sur soi-même et sur les autres, d’exercer son corps et son esprit avec davantage de conscience, et peut-être même avec plus de plaisir. Et non pas, comme beaucoup le pensent, un moment destiné uniquement à regarder en arrière.
« À quoi ressemble cet âge ? » se demande De Luca. « À la remontée d’un bois en montagne. Dans l’épaisseur des conifères, la lumière pénètre à peine ; je ne vois que ce qui m’entoure de très près. Mais en hauteur, les arbres s’espacent, des clairières s’ouvrent, il y a plus de lumière. À cet âge, depuis la cime du bois, je vois au loin, j’aperçois des fragments d’avenir – non pas le mien, mais celui sans moi.
Le poète Goethe, mourant, prononça ces derniers mots : Mehr Licht, “Plus de lumière”.
Ce n’est pas une demande, c’est la surprise de la voir briller.
Aujourd’hui, je vois une jeunesse qui sent que son avenir est indissociable de celui de la Terre entière. Elle regarde au loin, elle devine l’avenir.
Moi aussi, nous aussi, les nouveaux vieux, voyons plus loin, depuis le sommet de notre forêt. »
Grâce aussi au contrepoint d’Inès de la Fressange, célèbre styliste et amie de l’auteur, L’età sperimentale est à la fois un livre et une invitation à découvrir combien de possibilités renferme le troisième âge – à chacun de trouver les siennes, et De Luca en évoque beaucoup –, ainsi que tout le bénéfice d’avoir acquis « l’élan du temps accumulé, puissante catapulte du participe passé du verbe passer ».
« C’est un âge expérimental. J’ai l’étrange impression que personne n’a été vieux avant moi.
La vieillesse de ceux qui m’ont précédé ne me sert pas de modèle et ne me prépare à rien.
Pour le corps de chacun, quand cela arrive, c’est toujours la première fois. »